Le blog des éditions Libertalia

À mes frères dans Le Monde libertaire

mercredi 26 février 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Le Monde libertaire n° 1811 – novembre 2019.

La Grande Citoyenne dans ses textes

Au titre « À mes frères », nous retrouvons le style de Louise Michel, de l’emphase mais aussi de l’empathie. « Un être tout amour, et qui déchaînait les colères. » Rien n’est fade dans les articles, discours, déclarations au tribunal, lettres rassemblées par Éric Fournier dans un petit ouvrage publié chez Libertalia. Ne comptez pas sur elle pour chercher des compromis avec la bourgeoisie, le capital. Elle attaque, elle dénonce, elle se comporte comme une citoyenne, elle appelle à la vengeance pour les morts de la Commune, ses frères de combat, un spectre vengeur ! « La grande citoyenne » savait aussi être la bonne Louise, toute en compassion, fidèle en amitié même lorsque certains de ses amis seront tentés par le boulangisme. L’ouvrage débute par un texte de 1861 qui dénonce l’Empire libéral, une approche en apparence classique mais qui permet de montrer le bouillonnement des idées et les aspirations du moment. Cependant, il y a des revendications plus exigeantes comme le droit des femmes de vivre de leur travail, ce qui n’était pas évident au XIXe siècle.

« Tout appartient à l’avenir »
La Commune de 1871 est certainement le moment qui révèle Louise Michel dans ces actions et lors de la défaite. Même au fond de la prison de Versailles, elle écrit dans « Les Œillets rouges », dédiés à Théophile Ferré, « tout appartient à l’avenir ». Le lecteur retrouvera le compte rendu d’audience lors de son procès en décembre 1871, « si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi ! ». Sa description de la Semaine sanglante reprise dans Le Libertaire de 1897 est dans toutes les mémoires.
Intéressante pour nous, la publication de ces deux conférences inédites et chargées d’émotions, à son retour de la Nouvelle-Calédonie, la première à l’Elysée-Montmartre et l’autre moins connue à la salle Graffard.

Vers la révolution sociale
Louise Michel, c’est évidemment aussi l’anarchisme, « le pouvoir est maudit », son apposition farouche à l’égard des prisons et de la peine de mort qui la conduit à défendre son agresseur au Havre, son appel à la grève générale et plus globalement à la révolution sociale. La cause des femmes est au premier plan de ses préoccupations, « esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire ».
Elle rugit parfois sa rage devant la souffrance, après la fusillade de Fourmies, « oui, chacals, nous irons vous chercher dans vos palais… » et pourtant « l’avènement du monde nouveau […] se fera naturellement grâce aux idées de justice et de liberté » et non dans le sang.

Ces extraits soulignant la complexité du personnage sont complétés par des poèmes de Victor Hugo, de Verlaine, un texte de Vallès, qui participent à la légende de Louise Michel.

Francis