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Extraits d’Abolir la contention dans Basta

mercredi 4 octobre 2023 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Extraits de l’ouvrage de Mathieu Bellahsen publiés dans Basta, le 27 septembre 2023.

En psychiatrie, la nécessité de « rompre le silence et les complicités autour de la contention »

Attacher des patients pendant des heures voire des jours reste une pratique courante en psychiatrie en France. Dans l’ouvrage Abolir la contention, le psychiatre Mathieu Bellahsen appelle à sortir de cette « culture de l’entrave ». Extrait.

Depuis plusieurs années, dans certains hôpitaux psychiatriques, une marque de contention mécanique est arrivée sur le marché. Sur le dépliant vantant ses mérites, on peut lire : « Le concept Pinel® permet de satisfaire aux besoins de contention de tous niveaux avec un seul système. Dans la contention d’urgence, le patient agressif peut être immobilisé en sept points en moins de dix secondes […]. Les patients plus passifs peuvent être maintenus au lit ou au fauteuil tout en conservant une grande mobilité et peuvent ne pas se rendre compte qu’ils sont sous contention. Ce système s’adapte à tous les types de besoins de contention des institutions, soins prolongés, urgence, psychiatrie, soins intensifs… »

En France, la grande majorité des lieux psychiatriques attache. Ce n’est pas mon expérience. Pendant dix ans, grâce à un collectif de soins, j’ai pu me passer de contention mécanique au sein d’un secteur de psychiatrie adulte, comme 15 % des services de ce pays. Mais aujourd’hui, la défiance se porte sur les lieux de soins et les équipes qui font ou tentent de faire sans contention mécanique. Ils sont mis en accusation. Ils ne seraient ni réalistes ni « pragmatiques ».

Ces équipes ne recevraient pas les mêmes patients que les autres. Elles mettraient en danger les professionnels, elles feraient de l’idéologie, « de la politique ». La même rhétorique a cours pour les pratiques de prescriptions médicamenteuses raisonnées. Pour inverser la charge de la preuve, les arguments fleurissent. Ainsi, attacher ne serait pas trier ? Attacher ne mettrait pas en danger ? Attacher ne provoquerait pas des morts ? Attacher ne serait pas idéologique ? Attacher ne serait pas politique ? Attacher ne serait pas un choix ? D’un ministre de la Santé lui-même médecin à Wikipédia en passant par une majorité de professionnels de la psychiatrie, la culture de l’entrave est à ce point dans les mœurs que la contention mécanique est énoncée comme une « thérapeutique », « un soin ».

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