Le blog des éditions Libertalia

« L’État m’a tabassé, il a fait son travail »

mardi 8 juillet 2014 :: Permalien

Sociologue, auteur de L’Ennemi intérieur (La Découverte, 2009), Les Marchands de peur (Libertalia, 2012), Le Théorème de la Hoggra (Bboykonsian, 2012), La Domination policière (La Fabrique, 2012), Matthieu Rigouste est aussi un de nos vieux copains. Il a été tabassé par la police toulousaine il y a un peu plus d’un an. Il lui aura fallu tout ce temps pour accepter de témoigner par écrit.

Extrait :

« J’ai passé trois jours à l’hôpital, on m’a opéré le poignet (fracture et luxation). On y a posé une vis que je garderai toute ma vie et qui me handicape. On a soigné les multiples ecchymoses et plaies sur toute la tête et les côtes. Les super-Dupont m’avaient aussi percé le tympan comme l’a relevé le médecin légiste qui m’a ausculté à la sortie de l’hôpital. On m’a reconnu soixante jours d’ITT à l’hôpital, transformés en trois jours “ au sens pénal du terme ” par la médecine “ légale ”.
Avec mes proches, nous avons d’abord hésité à porter plainte car nous savions trop bien que la Justice couvrirait la police, puisqu’elle le fait toujours, même chaque fois que la police tue. Et la Justice n’a pas besoin d’être corrompue. Elle applique normalement les lois faites par les dominants pour protéger les dominants. Il ne sert à rien de s’indigner face à la violence d’État. Il est tout à fait normal qu’un État opprime le peuple ainsi que celles et ceux qui lui résistent. C’est son boulot. Et c’est la lutte des classes. Nous pensons qu’il vaut mieux s’organiser collectivement pour arracher les racines de ce carnage. Mais le tribunal du maître est tout de même un champ de bataille. Alors nous avons décidé de porter plainte en juillet 2013, pour tenter de fissurer un peu ce sentiment d’impunité des milices d’État au pays des droits de l’homme blanc et riche. Pour contre-attaquer, en accusant non pas quelques policiers, mais l’État. Car la violence des
shtars c’est bien lui qui la fabrique. Et c’est aux classes dominantes qu’elle profite. »

Lire le texte intégral sur le blog du collectif des Panthères enragées