Le blog des éditions Libertalia

Le Roi Arthur dans Sciences Humaines

jeudi 6 avril 2017 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans Sciences Humaines, le 13 décembre 2016.

Ce livre questionne le succès persistant d’une légende populaire médiévale. Arthur, enfant illégitime caché du roi des Bretons, élevé parmi le peuple, devient roi le jour où il réussit à extraire l’épée magique plantée dans un roc, Excalibur. Aidé de l’enchanteur Merlin, il mène alors de nombreux combats pour conquérir le trône que de vieux rois lui refusent, se marie avec Guenièvre et établit la paix dans son royaume grâce aux chevaliers de la Table ronde. Mais le royaume est défait quand les chevaliers partent à la recherche du Graal, et que Lancelot avoue sa liaison avec Guenièvre. S’ensuit une guerre civile, où s’affrontent Arthur et le rusé Mordred, fils d’Arthur et de sa demi-sœur, Morgause, elle-même sœur de la fée Morgane. Mortellement blessé, Arthur s’exile au pays magique d’Avalon d’où il reviendra peut-être un jour.
Arthur n’a jamais existé : c’est un roi mythique, incarnant l’idéal de revanche des Gallois contre les armées anglo-saxonnes, mentionné pour la première fois au IXe siècle sous la plume du moine Nennius. Il prend sa véritable épaisseur au moment de la constitution du tissu légendaire gallois, entre les Xe et XIIe siècles. Le personnage est popularisé par les écrits d’un chanoine d’Oxford, Geoffroy de Monmouth, au Moyen Âge. À cette époque, les chevaliers arthuriens incarnent un idéal aristocratique.
Après une éclipse aux XVIIe et XVIIIe siècles, le mythe se diffuse dans la culture anglo-saxonne puis aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Il devient porteur d’un idéal démocratique : un jeune suit les conseils d’un vieux sage afin de gravir les échelons de la société. C’est le sujet de la BD Prince Vaillant, qui narre l’histoire d’un immigrant. Dans les années 1930-1940, les auteurs de comics transposent les figures arthuriennes dans des héros des classes populaires. Dans les années 1950, sous le maccarthysme, des films et séries télévisées mettant en scène Arthur affichent des tonalités anticommunistes. Un voyage fascinant dans l’histoire d’un mythe pluriséculaire s’adaptant aux valeurs des sociétés qu’il continue de hanter.

Régis Meyran