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Léo Frankel, communard sans frontières dans le Bulletin des Ami·es de la Commune

vendredi 7 mai 2021 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

publié dans le Bulletin des Ami·es de la Commune n° 86, 2e trimestre 2021.  

Léo Frankel, révolution sociale et internationalisme

« Frankel fut un des hommes les plus intelligents et les plus dévoués de la Commune. En votant son admission, ses collègues ne firent qu’affirmer le caractère international de la Révolution du 18 mars. » Par ces mots, Jean-Baptiste Clément salue l’élection de Léo Frankel, hongrois et internationaliste, membre de l’AIT comme seul membre étranger du Conseil de la Commune. Avant 1870, celui-ci était peu connu mais son discours au procès de l’AIT, son action à Paris le conduit, âgé de 27 ans, à jouer un rôle majeur pendant les soixante-douze jours, notamment en se voyant confier la commission du travail.
Julien Chuzeville, historien du mouvement ouvrier, nous livre la première biographie en français de Léo Frankel, ouvrier d’art en orfèvrerie, journaliste, publiciste, acteur déterminant aux côtés de Varlin dans la création de l’AIT à Paris. Dans toute son action politique, il prône la solidarité ouvrière et l’internationalisme. « Notre chemin est international, nous ne devons pas sortir de cette voie. »

Le droit des travailleurs

Pendant la Commune, élu du XIIIe arrondissement, il fonde le droit du travail « et ce droit ne s’établit que par la force morale et la persuasion ». En liaison avec les chambres syndicales ouvrières, il réquisitionne les ateliers abandonnés, met fin au travail de nuit des boulangers, souligne la nécessaire égalité des femmes et des hommes dans le travail. Frankel insiste sur la révolution sociale par une transformation du mode de production et des rapports sociaux. Proche de Karl Marx, il en attend des conseils mais la Semaine sanglante mettra fin à l’expérience de la Commune. Blessé sur une barricade, il sera sauvé par une étrangère proche, elle aussi, de Marx, Elisabeth Dmitrieff, ils s’enfuient pour Genève et leur route se séparent.
Le combat reprend au plan international. Adoubé par Marx, Frankel intègre le conseil général de l’AIT. Il est à Londres, à Vienne, en Hongrie en 1880 où il participe à la création du Parti général des ouvriers dont le programme ressemble étrangement à celui de la Commune. Il publie quantité d’articles de fond, la presse est son domaine.
Sa vie est indéniablement celle d’un militant internationaliste, il ne se vit pas comme un exilé, même si Paris exerce une attirance permanente pour lui. Il revient pour s’y marier et vivre à Montmartre. Il y meurt Le 29 mars 1896. Il avait 52 ans.
Le lecteur trouvera en annexe de cette biographie nourrie de citations et d’une grande précision, des articles dans un style clair et implacable, reflétant les grands combats de Frankel ainsi qu’une analyse intéressante sur la conception marxiste de l’action politique.

FP