Éditions Libertalia
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> Un steak pour nourrir la lutte ?
samedi 30 octobre 2010 :: Permalien
J’ai souvent un peu de mal à définir Libertalia, qui est un ovni dans la galaxie des éditions indépendantes. Ces temps-ci, je ne me sens guère l’âme d’un « éditeur », c’est le militant anarcho-syndicaliste qui reprend le dessus.
Il faut dire que la période est enthousiasmante, en dépit des médias officiels qui nous vendent promptement la fin d’un mouvement. En deux mois, avec les camarades, nous sommes descendus dans la rue une bonne vingtaine de fois. Pour les « grandes journées d’action » bien entendu, mais aussi pour des petites manifestations symboliques comme ce mercredi 27 octobre au siège de Malakoff-Médéric, la société du frère Guillaume Sarkozy, ou lors de blocages comme celui du mardi 26 à l’aube, devant le dépôt RATP de Neuilly-sur-Marne. Cette ferveur entre gens souvent fort différents, ce sentiment de force et de fraternité, c’est ce que je retrouve dans la lutte, mais aussi ce que je vais chercher dans la littérature sociale et dans les témoignages des anciens.
Au cœur des manifestations, on ne croise guère d’artisans du livre critique. J’ai quand même aperçu à plusieurs reprises les éditions du Temps des Cerises et les éditions La Dispute (on leur doit le rassérénant L’Enjeu des retraites, de Bernard Friot).
Un steak est une petite nouvelle de Jack London. C’est l’une des plus sombres, mais aussi l’une des plus réussies. Elle raconte l’histoire du vieux Tom King (40 ans !) qui remonte sur le ring et combat un jeune adversaire en pleine ascension. S’il gagne, il pourra payer le loyer et nourrir sa famille…
« La boxe est le seul métier du corps où le dévorement organisé des anciens en déclin est indispensable à l’accomplissement de la nouvelle génération », nous dit Loïc Wacquant dans sa préface. Et de fait, ce thème du vieux boxeur sur le retour a été développé à l’envi au cinéma. L’un des exemples les plus récents est bien sûr Cinderella Man (De l’ombre à la lumière, 2005) avec Russell Crowe dans le rôle de James Braddock.
Cette nouvelle, je l’ai lue à l’âge de 15 ans et elle ne m’a jamais quitté. La voici rééditée avec une nouvelle traduction, illustrée par notre ami Thierry Guitard.
Entre deux manifestations, nous finalisons le livre Travailleurs, vos papiers du collectif Iena Mar. Nous avons bon espoir de l’envoyer à l’imprimerie la semaine prochaine. Nous numérisons également Les anarchistes espagnols, le gros livre de José Peirats publié en 1989 par Repères-Silena, épuisé depuis vingt ans. En ces temps de lutte, nous plongeons dans le passé pour y trouver des repères. Ce livre sera probablement édité en février.
Si vous êtes sur Paris le samedi 13 novembre à 16 h 30, passez donc écouter Sébastien Fontenelle, il présentera son dernier titre Même pas drôle à la librairie Publico.
N.N.