Le blog des éditions Libertalia

Histoire désinvolte du surréalisme dans la revue Phoenix

samedi 3 mai 2014 :: Permalien

Histoire désinvolte du surréalisme, Raoul Vaneigem - illustration de Bruno Bartkowiak

Chronique de l’Histoire désinvolte du surréalisme dans la dernière livraison de la revue Phoenix.

Histoire désinvolte du surréalisme

Écrit selon l’auteur en quinze jours et paru au début des années 1970 sous la signature de Jules-François Dupuis, le nom du concierge de l’immeuble où mourut Lautréamont, puis réédité en 1988, ce livre reparaît aujourd’hui sous le nom de son auteur.

Né en Belgique en 1934, membre de l’Internationale situationniste jusqu’en 1970, auteur du célèbre Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations qui, en 1967, annonçait à sa manière les événements d’une année suivante agitée, son œuvre compte une bonne trentaine de livres. Pour une part, ils prolongent ses réflexions sur les possibilités de renverser l’ordre marchand grâce à un hédonisme radical ; pour l’autre, plus érudite, ils s’intéressent aux hérésies religieuses et aux résistances au christianisme jusqu’au XVIIIe siècle.

Plus qu’une véritable histoire du surréalisme, c’est un essai sur le surréalisme dans l’histoire dont, malgré sa partialité revendiquée, les jugements sonnent souvent juste, et pas seulement pour dénoncer des personnalités dont l’usure du temps a démontré la vacuité, si tant est qu’il en était besoin, qu’il s’agisse d’un Salvador Dali ou d’un Louis Aragon… Les grandes lignes du mouvement y sont dessinées depuis ses origines dans la suite, et le refus, de Dada jusqu’à sa « reconversion mystique » d’après-guerre à cause « d’un désespoir en l’histoire que justifiaient les échecs répétés du mouvement ouvrier ». Sur son rapport au parti communiste et à l’idéologie révolutionnaire, Vaneigem dit l’essentiel en quelques mots : « une des fautes majeures du surréalisme […] c’est d’avoir abandonné le projet révolutionnaire global au bolchevisme qui n’avait jamais fait que l’abandonner purement et simplement, dans la logique des textes de Lénine. » De même, parmi les protagonistes de cette histoire, il souligne « l’importance de Benjamin Péret », « l’élément le plus indépendant et le plus libertaire du mouvement ».

Tout cela est souvent juste et bien dit, mais, pourtant, lu, ou relu, aujourd’hui le lecteur reste dans l’expectative. En effet, à propos des diverses récupérations dont le surréalisme a été l’objet, Vaneigem écrit lui-même qu’« il importait moins de les signaler que de montrer que le surréalisme les contenait dès le début comme le bolchevisme contenait la “fatalité de l’Etat stalinien. » L’occasion était donc toute trouvée pour mettre en parallèle le succès spectaculaire du surréalisme avec celui du situationnisme. Dommage qu’elle ait été manquée !

C.J.