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> Il y a cent ans mourait Jack London, le trimardeur des lettres
mardi 22 novembre 2016 :: Permalien
Né à San Francisco dans un milieu modeste en 1876, Jack London est l’un des principaux précurseurs d’Ernest Hemingway et de Jack Kerouac ; l’un des auteurs les plus lus au monde. Il incarne tour à tour le dernier écrivain de la Frontière, le chantre des grands espaces, le héraut révolutionnaire, le self made man à l’américaine, mais également, en ses dernières années, un certain type de bourgeois aigri, raciste et misogyne.
On lui attribue cette phrase, véritable credo romantique, qui éveille immédiatement l’imaginaire et donne envie de lever les voiles : « J’aimerais mieux être un superbe météore, chacun de mes atomes irradiant d’un magnifique éclat plutôt qu’une planète endormie. La fonction de l’homme est de vivre et non d’exister. Je ne perdrai pas mes jours à essayer de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps. »
Ayant quitté l’école à l’âge de 14 ans pour subvenir aux besoins de sa famille, Jack London a fait tous les boulots : balayeur, vendeur de journaux, manutentionnaire dans une conserverie. Las de se faire exploiter, il devient pilleur d’huîtres, puis chasseur de têtes (voir Tales of the Fish Patrol), et enfin trimardeur. Répondant à l’appel du Grand Nord, il part au Klondike, y glane quelques pépites d’or, attrape le scorbut et revient surtout avec de belles histoires à raconter. Dès lors, Jack devient un professionnel des lettres. Pas toujours en esthète, mais en laborieux gars d’en bas qui se voudrait rapidement en haut de l’affiche. Chaque jour, il écrit mille mots. Il envoie ses nouvelles à la presse pour prépublication, avant d’être édité chez Macmillan, une grosse maison new-yorkaise. Les succès s’enchaînent : L’Appel de la forêt, Croc-Blanc, Martin Eden… Certaines de ses nouvelles sur le Grand Nord ou la boxe (il affectionne le genre court) sont plébiscitées par le public : Construire un feu ; L’Enjeu.
Jack London est aussi un militant. Il a rejoint le Socialist Labor Party en avril 1896. Il se présente aux municipales à Oakland, écrit des textes pour la presse ouvrière, et surtout un grand récit d’anticipation qui a marqué l’histoire de la littérature sociale : Le Talon de fer (The Iron Heel, 1908).
Dès 1905, se rêvant en gentleman farmer, l’homme engloutit ses droits d’auteur dans un domaine de plus en plus démesuré, à Glen Ellen, dans la vallée de Sonoma. Il y expérimente les techniques les plus modernes et se fait construire une maison gigantesque en pierre volcanique : la Wolf House. À l’été 1913, un incendie anéantit la construction somptueuse et brise définitivement le moral de l’écrivain. Sa vie n’est plus qu’un lent cheminement vers la mort. Il se réfugie dans l’alcool, écrit de mauvais récits (à l’exception notable de John Barleycorn) et meurt d’urémie le 22 novembre 1916, à 40 ans. Cent ans après, il est temps de le lire et le relire !
Nicolas Norrito