Le blog des éditions Libertalia

Liabeuf’s not dead !

vendredi 20 novembre 2020 :: Permalien

Publié sur le blog de l’auteur, Yves Pagès, le 19 novembre 2020 (extrait).

L’Homme hérissé, Liabeuf tueur de flics, réédité par Libertalia, remet les pieds dans le plat

Drone d’époque pour remettre ce récit documentaire en circulation, à l’heure où il sera sous peu interdit de prendre sur le fait (photographique) une brutalité policière ou de dénoncer les exactions systémiques de la BAC ou des CRS nasseurs (sous prétexte d’incitation à la haine par nature d’affinité islamo-gauchiste). Cette troisième édition tombe ainsi très mal à propos, et alors ? C’est le moment ou jamais de remettre au jour cette vieille histoire de légitime défiance entre « classes dangereuses » et forces de l’ordre, en l’occurrence, celle d’un cordonnier des années 1910 envers les ripoux de la brigade des mœurs. À moins qu’on impute à l’examen minutieux de ce fait divers socio-politique des intentions de nuire (psychiquement ou physiquement) aux sempiternels agents de la « sûreté » (alias les « condés » ou les « vaches » d’alors).
Expliquer ou comprendre comment, de longue date, toutes sortes de soi-disant gardiens de la paix (sic) ont criminalisé les prolos en « pétard », les attitudes déviantes ou les propos jugés infâmes tentant de résister aux injustices flagrantes qu’elles subissaient, ne vise pas à excuser, adouber, légitimer sinon rendre exemplaire n’importe quel passage à l’acte anti-flic, mais à remonter à la source d’un rapport de force par nature inégal qui tire sa pseudo-légitimé d’un monopole de la violence étatique. Or, aujourd’hui comme avant-hier, cette disproportion principielle, cet abus de droit inscrit dans le marbre, bref ce duel biaisé d’avance, assure l’impunité absolue des robocops chargés du maintien de l’ordre établi. Et même s’il est de notoriété publique que ces gros bras surarmés des préfets et autres factieux en uniforme exercent quotidiennement leur préjugés racistes, homophobes, sexistes ou leur mépris anti-chômeurs, stéréotypes pourtant assez peu républicains, il n’empêche, désormais ce sont bien eux qui font la loi au ministère de l’Intérieur.
Et pourtant, loin de tout esprit de morbide vendetta et sans céder à une désarmante résignation face aux limites extrêmes de la radicalisation sécuritaire, je préfère m’en remettre à la seule ironie qui, aussi assassine soit-elle, n’a jamais tué personne : avec cette affichette qui réactualise modestement un subtil garde-fou datant de juin 68.

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