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Ma guerre d’Espagne à moi sur Ballast

vendredi 3 juin 2022 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur Ballast, juin 2022.

Au début du XXe siècle, Mika Etchebéhère et son compagnon Hippolyte auraient pu choisir les vastes terres de la Patagonie. Mais ils sont partis. Ils auraient pu aussi rester en France, où la propagande anarchiste des années 1930 appelle leur énergie. Mais des grèves allemandes les conduisent ailleurs. La déception devant l’échec de ces dernières aurait pu les faire tout abandonner. Mais c’est à la révolution que les deux amis ont dévoué leur vie et c’est en Espagne que celle-ci se déroule. Entre 1936 et 1939, Mika Etchebéhère participe à la guerre civile au sein d’une colonne du POUM antistalinien dont elle finira par prendre la tête. Durant les premiers jours de combat contre les régiments fascistes, Hippolyte est tué. Si Mika Etchebéhère perd alors un compagnon de vie, un camarade de lutte, en toutes choses un ami, son désir de continuer la révolution n’est pas atteint. Cette guerre, la militante s’est décidée à l’écrire des années après. Mika Etchebéhère raconte, témoigne, commente les événements auxquels elle a pris part. Elle dit les premiers jours où « tout Madrid se précipite dans la rue à la recherche d’un fusil », où le bleu de travail fait office d’uniforme et où, aux points de passage, « la carte du syndicat ou d’un parti de gauche tient lieu de carte d’identité. » Elle décrit « ce métier de femme au milieu des combattants, cette corvée de mère de famille veillant sur la propreté des dortoirs et la santé des miliciens » et cet état de « ménagère-soldat » qu’elle refuse. Elle relate la défense de Sigüenza, sur le front nord, une défense qui deviendra « légende » dans de nombreux bataillons : pendant quelques semaines, alors, « le monde est devenu bois, pierres, arbres, pieds lourds enfoncés dans trois paires de chaussettes trempées, dos fléchi sous le gros paquet de la cape et du fusil, main gauche traversée de mille poignards glacés ». En somme, voici le compte-rendu intime de « cet enfer qu’aucune littérature n’a su encore inventer ».

[R.B.]