Le blog des éditions Libertalia

Trop jeunes pour mourir, dans Siné mensuel

lundi 27 avril 2015 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Siné Mensuel, n° 39, février 2015

Merde aux unions sacrées !

Les grandes manœuvres anti-guerre, à la veille de 14-18, sont retracées dans un livre galvanisant.
Méfions-nous, les loulous, de toutes les unions sacrées. Celle d’août 1914, fristouillée par le gouvernement du troglodyte Viviani, le Parti socialiste et la direction confédérale de la CGT, conduira à la boucherie guerrière. Dans Trop jeunes pour mourir (L’Insomniaque/Libertalia), l’historien rebelle Guillaume Davranche raconte dans les détails, l’ouvrage est dodu, comment les anti-bellicistes (qu’on appelait volontiers les « trouble-parades ») de la Fédération communiste anarchiste (FCA) et de l’aile gauche de la CGT (pas encore totalement agglutinée au système) s’y prirent dès 1910 pour tenter de saboter l’hystérique « mobilisation nationale » :
– ils multiplièrent les brûlots contre « le joujou patriotisme » (Rémy de Gourmont) comme l’affiche rouge « Appel aux conscrits » ou la pub pour les mutineries signée par 3 000 gustaves ; ils soulevèrent les foules contre les bagnes militaires sadiques d’Afrique du Nord (« Biribi » !) ;
– ils pourchassèrent les va-t-en-guerre à coups de « chaussettes à clous » (traduire : à coups de pieds au cul) et rentrèrent dans le chou des officiers médaillés : « En as-tu tué des Marocains pour avoir cette ordure sur la poitrine ? ») ;
– ils incitèrent des tapées de pioupious à « lever la crosse en l’air » (on dénombre 80 000 déserteurs en 1911) ; et, en attendant la grande « grève générale révolutionnaire » qui devait répondre à toute déclaration de guerre, ils trempèrent dans les petites grèves corsées du moment et les autres actes contagieux d’insoumission collective.
Excitant, non ?

Noël Godin