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jeudi 21 novembre 2024 :: Permalien
Publié dans Le Monde des livres, le 14 novembre 2024.
Impuissance des sorcières
Particulièrement fréquente dans les représentations et les imaginaires des mouvements féministes contemporains, la figure de la sorcière a notamment été remise en lumière par le best-seller de Mona Chollet, Sorcières. La puissance invaincue des femmes (Zones, 2018). Mais, pour Michelle Zancarini-Fournel, cette popularité résulte d’un regrettable « contresens sur le réel historique ». Loin des « femmes puissantes » invoquées par Mona Chollet, l’historienne rappelle, en effet, à travers une synthèse de la grande chasse aux sorcières entre les XVe et XVIIe siècles, qu’elles ont avant tout été des « victimes de querelles de voisinage, de dénonciations et d’arrestations ». Confrontant les faits historiques aux différents moments de construction des mythes, l’autrice observe ainsi son objet d’étude se transformer – femme à la fois émancipée et pathologisée au XIXe siècle, la sorcière se mue en femme rebelle au XXe, avant de devenir la prétendue femme puissante que nous imaginons désormais. Au passage, la figure masculine du sorcier disparaît, comme les différences de perception des survivances de la sorcellerie. Car, tandis qu’en Occident des sorcières contemporaines exaltent la puissance des femmes, d’autres, ailleurs, subissent encore les « peurs archaïques se traduisant par la volonté de contrôle du corps des femmes par la violence ».
Sophie Benard
jeudi 21 novembre 2024 :: Permalien
Publié sur Breizh Femmes, 19 novembre 2024.
« Écoutez l’bruit d’leurs sabots, voilà les ouvrières d’usine ; écoutez l’bruit d’leurs sabots voilà qu’arrivent les Penn Sardin ». Difficile de ne pas avoir cet air en tête durant toute la lecture du livre de Tiphaine Guéret.
Alors qu’on s’apprête à célébrer le centenaire de la grande grève des sardinières de Douarnenez, la journaliste a voulu savoir qui sont les femmes qui exercent encore ce métier dans le Finistère et surtout dans quelles conditions elles travaillent aujourd’hui.
« Écoutez gronder leur colère » raconte les « filles » de la sardinerie Chancerelle, la plus grande des trois usines actuelles, la plus vieille aussi encore en activité dans le monde. On en comptait vingt et une à Douarnenez il y a cent ans…
Si Tiphaine Guéret vit aujourd’hui à Marseille, elle n’oublie pas ses origines bretonnes. Mais c’est plus sa « curiosité journalistique » que ses racines qui l’ont poussée à enquêter à Douarnenez. Cent ans après la grande grève qui de novembre 1924 à janvier 1925 propulsa plus de 2 000 ouvrières des sardineries de Douarnenez sur les pavés pour revendiquer de meilleures conditions de travail, trois conserveries sont encore en activité dans ce coin de Bretagne.
C’est chez Chancerelle, entreprise connue sous les noms de marques Connétable, Phare d’Eckmühl ou encore Pointe de Penmarc’h selon les gammes de produits, que Tiphaine Guéret s’est arrêtée le temps de rencontrer ces « filles de la sardine », celles d’aujourd’hui et quelques autres désormais retraitées.
« Étriper et emboîter à la main,au couteau ou aux ciseaux »
« C’est toujours en grande majorité des femmes qui travaillent le poisson et qui le mettent en boite » raconte la journaliste. Avec toute la dextérité et le savoir-faire de leurs aînées elles continuent « à étriper et emboîter à la main, au couteau et aux ciseaux ».
Mais si Chancerelle s’enorgueillit d’être la plus ancienne conserverie encore en activité dans le monde, les ouvrières ne sont plus tout à fait les mêmes. Pendant longtemps les jeunes femmes n’avaient guère le choix ; « à Douarnenez il y[avait] un peu cette idée que si tu n’as pas travaillé à la conserverie, tu comprendras jamais la vie » témoigne une ancienne sardinière.
Désormais, les ouvrières ne portent plus de sabots, mais elles « sont précaires, pour certaines intérimaires, toutes soumises au rythme épuisant des 2/8 – écrit Tiphaine Guéret dans son livre – Surtout beaucoup viennent d’Afrique ou des pays du Sud. Femmes prolétaires et racisées, elles campent au carrefour des rapports de domination ». Vingt-six nationalités se côtoient sur les chaînes de production et dans les ateliers que la journaliste décrit comme de « grands hangars bruyants et odorants ».
Dans les années 80/90, les femmes se regroupaient par fonction ou postes de travail dans les ateliers. Aujourd’hui, les logiques de solidarité se font plutôt de façon communautaire entre femmes issues d’un même pays. Pour Tiphaine Guéret, ça ne change pas considérablement la donne. Et en tout cas, lors du mouvement de grève de mars dernier, les clivages ont été facilement balayés.
« Ce jour de mars passé à se tenir chaud sous un ciel plombé »
Le 11 mars 2024, 250 salarié·es se sont mis·es en grève à la sardinerie. Une grève courte qui n’a duré qu’une seule journée. Les « filles » en sont ressorties réconfortées et unies.
« Elles étaient contentes d’avoir réussi à faire bouger la direction en aussi peu de temps – résume Tiphaine Guéret – mais plus que ce qu’elles ont réussi à grappiller, je crois qu’elles étaient contentes de voir qu’elles avaient réussi à se fédérer entre elles ! » Dans son livre, elle écrit : « Plusieurs semaines plus tard, les “filles de la sardine” étaient encore portées par le souvenir de ce jour de mars passé à se tenir chaud sous un ciel plombé. » Comme si la grève d’il y a cent ans était aussi une histoire à vivre au présent.
Cette page de l’histoire ouvrière bretonne, toutes les sardinières de 2024 ne la connaissent pas. Certaines en ont entendu parler mais estiment que ce n’est plus la même chose aujourd’hui ; d’autres, en revanche, pensent qu’il y a des points communs. Et en début d’année, c’est bien de revalorisation de salaire et de meilleures conditions de travail qu’il était toujours question.
« Si on ne vient pas, il n’y a pas une boite de sardines qui sort d’ici ! »
Dans les ateliers, c’est en permanence une quarantaine d’employées qui sont absentes pour raisons médicales. Une façon de dire la pénibilité de ces métiers physiques, aux gestes répétitifs, aux charges lourdes, qui progressivement abîme le corps de ces femmes. « En 2017 – rappelle Tiphaine Guéret – les femmes ouvrières étaient onze fois plus touchées par les TMS que les femmes cadres. » « Ce sont les corps qui lâchent – dit-elle encore – les douleurs partout, les épaules qu’on opère… »
Si le travail en usine est depuis toujours fait de tâches pénibles, les conditions actuelles ne sont pas vraiment encourageantes. « Beaucoup de femmes qui font ce métier depuis longtemps – explique Tiphaine Guéret – disent qu’elles ont été fières de ce qu’elles faisaient notamment parce que c’était travailler pour une entreprise familiale, pour faire de bons produits, être la fierté d’un territoire… Aujourd’hui, elles disent ne plus être fières parce qu’elles ont l’impression que les cadences qui s’accélèrent ne leur donnent plus les moyens de faire correctement leur boulot ! » « On vient pas vérifier la qualité, il faut aller vite » confie l’une d’elles.
Alors, gronde-t-elle encore aujourd’hui à Douarnenez la colère des sardinières ? Plus que de femmes en colère, Tiphaine Guéret préfère parler de « femmes blasées ». Pourtant… « Les cadres ça ne changerait rien s’ils ne venaient pas travailler une journée – dit une des ouvrières citées par la journaliste dans son livre – Nous, si on ne vient pas, il n’y a pas une boîte de sardines qui sort d’ici ! » Elles l’ont dit à leur direction après la grève du 11 mars : la prochaine fois, ce ne sera pas qu’une journée ! « Écoutez claquer leurs sabots, écoutez gronder leur colère ; écoutez claquer leurs sabots, c’est la grève des sardinières ! » dit la chanson.
Geneviève ROY
jeudi 21 novembre 2024 :: Permalien
Publié dans Breizh Femmes, 6 novembre 2024.
Ce que Audrey Guiller aime d’abord dans son travail de journaliste c’est « aller chercher les personnes qui n’ont jamais accès à la parole publique et leur donner une tribune ».
S’il en est qui sont plus que d’autres encore invisibles, ce sont bien les femmes détenues. Et c’est à elles justement que la journaliste rennaise a choisi de donner la parole, d’abord à la prison des femmes de Rennes puis plus largement.
Avec Emprisonnées paru aux éditions Libertalia, elle offre un recueil de témoignages de dix femmes dans dix pays différents à travers le monde.
Au début de l’aventure, Audrey Guiller avait des idées très arrêtées sur ces femmes derrière les barreaux. « Je me disais qu’elles étaient sorties du droit chemin – se souvient-elle aujourd’hui – puis en écoutant leur histoire j’ai compris que c’était leur chemin justement qui les menait tout droit en prison et je me suis posé la question : à leur place, aurais-je pu, moi, m’en sortir ? »
C’est toute cette humanité qui traverse le travail d’Audrey Guiller : onze ans d’abord comme intervenante à la prison des femmes de Rennes où elle animait le projet « Citad’Elles » puis trois ans pour collecter les témoignages et écrire son livre Emprisonnées.
Ces femmes de la marge, elle a su les comprendre et ose dire désormais qu’on « a énormément de choses à apprendre de ces voix qu’on n’entend pas ». Elles le lui rendent bien, saluant avec émotion son ouvrage ; « celles qui en ont connaissance – dit-elle – sont très touchées que leurs histoires puissent intéresser des gens qui ne vont ni les critiquer ni les juger mais juste les écouter ».
« Je me surprends à faire et à vouloir des choses que je ne me serais jamais permises avant. Je repousse mes limites (…) Je deviens celle que j’aurais dû être » Capucine (France)
L’incarcération n’est pas un sujet très porteur et celle des femmes encore moins, reconnaît volontiers Audrey Guiller qui a dû s’adresser à plusieurs éditeurs avant de signer avec Libertalia. Pourtant, depuis la sortie de son livre en juin dernier, les retours sont unanimes. Ces femmes qui témoignent de leurs dérapages dans des sociétés aussi diverses que le Mali ou le Japon, la Nouvelle-Zélande ou le Brésil en passant par la France, le Cambodge ou le Canada, sont autant de personnalités attachantes, à la fois coupables et victimes.
La journaliste a lancé une quarantaine de pistes pour aboutir à un recueil de dix témoignages écrits après quatre à dix entretiens pour chacune. Représentant moins de 7 % de la population carcérale totale dans le monde, ces femmes sont plus qu’une minorité, « une invisibilité ». Elle a su « s’effacer derrière » leurs mots, derrière leur « je » pour livrer une série de textes d’où ressortent « la force et la lumière ». Sous la violence et les épreuves, brillent quelques récits de reconstruction, quelques histoires de sororité. « La prison ne m’a rien appris – dit Enaam la Syrienne – mais les autres prisonnières m’ont tout appris. » « Si je n’avais pas été au fond du trou, me serais-je rendu compte combien je suis forte ? » s’interroge Merry l’Indonésienne.
La prison, dans la plupart des pays, reste aujourd’hui encore « un lieu de vengeance, d’humiliation, de dévalorisation » regrette Audrey Guiller qui a voulu « rencontrer chaque femme en tant que femme et pas en tant que détenue » même si dit-elle il ne s’agit « pas les déresponsabiliser de l’acte qu’elles ont commis ».
Les conditions de détention en disent long sur l’état de la démocratie dans chaque pays. En Iran, elle a dû interrompre sa correspondance avec une prisonnière qui aurait couru trop de risques à témoigner ; aux États-Unis, elle a entamé quatre échanges qui n’ont pu aboutir. Parfois, les détenues demandaient un paiement pour livrer leur histoire… De tous les pays parcourus, c’est la Norvège, une fois encore, qui fait figure de modèle, se positionnant comme premier pays à avoir désormais plus de personnes condamnées à des peines hors incarcération que de personnes emprisonnées. Au même moment en France, on reparle de construire de nouvelles prisons ; « c’est bien connu – estime Audrey Guiller – plus on construit de places de prisons, plus on incarcère ! »
« Ma famille ne me rend jamais visite. Elle n’est pas venue à mon procès non plus. (…) Les femmes sont considérées comme détentrices de la morale de la famille. L’image de la prison leur colle à la peau » Kadiatou (Mali)
Audrey Guiller en avait l’intuition avant d’entamer son travail ; les échanges avec les détenues lui ont confirmé : « la notion de genre impacte vraiment la détention ». Presque toutes les femmes qu’elle a approchées ont connu violences et traumatismes avant leur emprisonnement. « La société – dit-elle – emprisonne à un moment des femmes qu’elle n’a pas su protéger à un autre moment. » Les parcours racontés sont jalonnés d’histoire de violences sexistes et/ou sexuelles, d’un vécu qui a rendu ces femmes vulnérables et « favorise le passage à l’acte illégal ou délictueux ». « Ma famille n’en avait rien à foutre de moi, le système n’en avait rien à foutre de moi. Donc, j’en avais rien à foutre de moi » raconte Ina de Nouvelle-Zélande.
Si depuis 2020, la population carcérale féminine connaît une augmentation assez phénoménale – plus 60 % contre plus 22 % chez les hommes – c’est notamment, explique encore Audrey Guiller, à cause de la place grandissante des femmes dans les trafics de drogue où elles jouent les rôles de « mules », plus exposées que les hommes, et deviennent consommatrices pour « anesthésier les violences qu’elles ont subies ».
Dans tous les cas de figure, « la prison désocialise beaucoup plus rapidement les femmes que les hommes » défend encore Audrey Guiller. Si l’incarcération peut parfois être valorisante pour un homme, elle ne l’est jamais pour une femme qui se retrouve généralement privée de tout soutien extérieur. « Les femmes soutiennent les hommes en prison, mais pas l’inverse » écrit Audrey Guiller.
Moins de possibilités de se former ou de travailler en prison, moins de visites ou d’aide financière, une réinsertion plus difficile encore à la sortie, la détention est un monde fait « par les hommes et pour les hommes » ; c’est aussi pour les femmes une forte culpabilisation de ne plus pouvoir s’occuper des enfants, des parents, etc. Certains pays ont compris que mettre les femmes en prison coûte cher financièrement et socialement et commencent à chercher des alternatives à la détention pour les femmes.
Geneviève ROY
jeudi 21 novembre 2024 :: Permalien
Publié dans Alternative libertaire, novembre 2024.
Les tâches éducatives, c’est comme la cuisine, au quotidien ce sont essentiellement les femmes qui y sont assignées mais quand il s’agit d’excellence on n’y retrouve que des hommes !
Constatant que « d’hier à aujourd’hui, quel que soit l’angle adopté, la théorisation pédagogique, à quelques exceptions près, reste l’apanage des hommes », Grégory Chambat redonne voix dans cet ouvrage à des femmes et collectifs de femmes qui ont toutes marquées l’histoire de la pédagogie émancipatrice.
Ce faisant il répare une injustice faite dans son excellent Pédagogie et Révolution, publié en 2011 déjà chez Libertalia, dans lequel ne figuraient que des hommes !
Grégory Chambat propose ici non pas de donner voix à des figures féminines pour y mettre en avant une prétendue « pédagogie féministe », mais, dans la lignée de ses « (re)lectures pédagogiques », de faire dialoguer des expériences individuelles et (surtout) collectives, en France mais aussi à l’étranger, avec nos questionnements pédagogiques contemporains, inscrits dans des réflexions que l’on peut mener dans « nos combats, militants, sociaux, pédagogiques ».
Tentant d’échapper à une histoire écrite d’en haut et pour le haut, Grégory Chambat propose de « renverser le point de vue sur la pédagogie » et d’insister davantage sur son « ancrage au plus près du terrain » de même que sur la « nécessaire articulation théorie/pratique/projet social ».
Ainsi l’ouvrage présente dix personnalités et collectifs que l’on découvre ou redécouvre à la lumière de ces « (re)lectures pédagogiques ». Non pas dans le but d’aligner des biographies ou de dresser un inventaire des expériences et innovations pédagogiques, mais de chercher dans ces pratiques sociales inspirantes de quoi éclairer nos propres pratiques pédagogiques émancipatrices.
Un ouvrage particulièrement stimulant pour toutes les personnes intéressées par les questions pédagogiques et au-delà pour toutes celles et ceux qui se questionnent sur l’émancipation et son articulation dans nos luttes.
David (UCL Savoies)
jeudi 21 novembre 2024 :: Permalien
Publié dans Les Nouvelles de Loire-Atlantique, n° 1078, 12 novembre 2024.
À Douarnenez en 1924, des milliers de filles d’usine œuvrent dans les conserveries de sardines, appelées au turbin par des contremaîtresses qui battent le rappel à l’arrivée des marins et de leur cargaison. Le travail est épuisant, pouvant parfois les maintenir debout jusqu’à dix-huit heures d’affilée, les pieds dans les viscères de la poiscaille. L’activité sardinière, c’est aussi la fabrication de millions de boîtes de conserve, notamment par l’usine Carnaud d’où partira l’étincelle d’une grève qui mettra tout Douarnenez à l’arrêt, grève suivie rapidement par le pays entier, grève dont les initiatrices sortiront victorieuses, après plusieurs mois de lutte.
Avec son livre sur ce moment d’histoire, Anne Crignon nous donne à voir le monde des sardineries du début du XXe siècle ainsi que les conditions de travail totalement dégradées des ouvrières parmi les plus mal payées de France, les heures supplémentaires à rallonge non rémunérées, le mépris des patrons et de leurs sous-fifres, les rancœurs qui grandissent. L’autrice nous donne à voir par ailleurs les manœuvres des patrons, intraitables et sûrs de leur bon droit, qui se réunissent à Quimper pour garder la distance, le Comité des forges, puissant syndicat patronal ennemi déclaré du prolétariat, des gros bras mercenaires venus de Paris pour briser la grève.
Mais Anne Crignon nous montre aussi le drapeau rouge usé de la grève des sardinières et des soudeurs de 1905 ressorti, les manifestations désordonnées du début qui s’organisent peu à peu, les chants de toutes les luttes entonnés par les rues et les meetings, ceux que l’on invente pour la circonstance, cette solidarité qui fait bloc dans la ville, la région puis l’ensemble du pays.
De cette histoire lutte vont émerger, au milieu de la foule en mouvement, quelques figures exemplaires, de la journaliste de L’Humanité Lucie Colliard au maire communiste Daniel Le Flanchec avec une attention particulière portée à Joséphine Pencalet qui sera ensuite élue au conseil municipal, élection invalidée par un Conseil d’État qui ne pourra pas admettre qu’une femme puisse être élue à une époque de suffrage uniquement masculin.